L’approvisionnement en eau ne cesse de se détériorer, rapporte le CICR : « des millions de personnes ne peuvent donc plus compter que sur un approvisionnement insuffisant en eau de mauvaise qualité, puisque les systèmes de distribution d’eau et d’égouts ne peuvent être entretenus et qu’il y a trop peu d’ingénieurs. ». Autrement dit, de nombreux Irakiens n’ont pas d’autre choix que d’utiliser des sources d’approvisionnement dangereuses. De plus, compte tenu de la croissance démographique, de la montée des prix et de l’insécurité, le pays ne dispose pas du personnel qualifié nécessaire pour entretenir et réparer les installations d’approvisionnement en eau et d’assainissement. Certaines ne sont même plus ici et là en état de fonctionner. Ce n’est que dans quelques régions du sud et du nord que l’on a pu l’an dernier enregistrer une augmentation de la production d’eau potable.
Ce qui signifie aussi qu’une grande partie de la population ne peut plus compter sur les services publics pour lui fournir de l’eau salubre. Nombreux sont celles et ceux, surtout parmi les plus pauvres, qui doivent se débrouiller par leurs propres moyens. Le CICR estime que le revenu mensuel moyen, en Irak, se monte aujourd’hui à quelque 150 dollars. Si l’on compte que 10 litres d’eau potable coûtent à peu près 1 dollar, chaque famille doit dépenser au moins 50 dollars par mois seulement pour son eau. Soit un tiers de ses ressources financières.
En plus d’infrastructures déficientes, la mauvaise qualité d’une grande partie de l’eau s’explique aussi par les raccordements sauvages aux réseaux ou encore au manque de produits chimiques nécessaires au traitement et à la désinfection de l’eau, sans parler des pannes d’approvisionnement en électricité pour faire fonctionner les pompes. Le chlore, qui est un produit essentiel pour la stérilisation de l’eau, est également soumis à restrictions pour la simple raison qu’il peut servir aussi à la fabrication de bombes ou autres armes.
Le manque d’assainissement est tout aussi alarmant. Les réseaux d’égout sont parfois dans un tel mauvais état que les eaux usées non traitées risquent de contaminer l’eau potable. Le CICR interprète la flambée de choléra survenue en 2007 comme le signe avant-coureur du danger imminent qui menace les Irakiens.
Rapport du CICR sur l’Irak : la crise humanitaire ne connaît pas de répit