Ces défis sont énormes et le pessimisme semble de mise, explique Helvetas. Si l’on en croit certaines estimations, deux milliards de personnes vivront dans vingt ans dans des régions où l’eau sera insuffisante et qui comptent déjà parmi les plus pauvres de la planète. Ce qui pousse plus particulièrement l’ONG suisse à la réflexion, c’est que moins de la moitié de l’eau d’irrigation contribue à augmenter la production agricole, l’autre moitié s’écoule ou s’évapore sans être utilisée. Pourtant, cette situation n’est pas jugée désespérée. Pour « Partenaires », il existe des solutions : « il s’agit d’utiliser l’eau disponible avec parcimonie et de manière plus ciblée, et de se tourner vers des méthodes agricoles et d’irrigation adaptées aux conditions naturelles respectives ». Exemples à l’appui.
Goutte à goutte contre le gaspillage
Il est possible, par exemple, de développer des techniques d’irrigation adaptées aux besoins des paysans et de l’environnement : un réservoir, un filtre, un tuyau et beaucoup de petits tubes amènent l’eau directement à la racine de la plante.
La méthode est jugée non seulement économe en eau et en temps, mais également à la portée des petits budgets paysans (entre 15 et 37 dollars). Selon une enquête menée au Népal, chaque roupie investie durant la première année d’utilisation de ce système en rapporte une et demie, ce qui n’est pas rien pour une population rurale qui ne pratiquait qu’une agriculture de subsistance.
Cactus contre la sécheresse
Dans le Tigray, dans le nord de l’Éthiopie où l’eau est denrée rare, les paysans connaissent depuis longtemps les « incroyables qualités » du figuier de Barbarie qu’ils plantent autour de leurs maisons. Durant plusieurs mois de l’année, cette plante sans doute importée du Mexique au 19 e siècle assure en effet la subsistance de milliers de personnes et d’animaux.
Voilà une plante « championne de la survie », lit-on dans la revue d’Helvetas : « ce cactus ne consomme qu’un tiers de la quantité d’eau nécessaire à d’autres plantes résistantes à la sécheresse telles que la luzerne ou l’orge. »
Mais le figuier n’est pas simplement synonyme d’alimentation de survie. Il est matière première à revenus puisqu’il est aujourd’hui possible de transformer et de commercialiser ses différents produits. On peut en faire de la confiture de figues, les « feuilles » du cactus sont également comestibles, et leurs graines servent à fabriquer une sorte de savon.
Du bio, svp !
Chacun a vu un jour ou l’autre des images de désolation de la Mer d’Aral, aux frontières du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan, et de son assèchement catastrophique parce que les eaux qui l’alimentaient ont été détournées pour irriguer d’immenses plantations de coton.
Il est vrai que cette culture est extrêmement consommatrice d’eau. Helvetas fait état d’estimations selon lesquelles la surface globale des champs de coton irrigués consommerait presque autant d’eau que l’ensemble des ménages privés de la planète. Avec, par endroit, des chiffres à faire peur : 29’000 litres d’eau par kilo de fibres de coton produit.
Outre les questions concernant la quantité d’eau nécessaire à la culture du coton, reste l’aspect qualité. Car le recours aux engrais minéraux et produits phytosanitaires contamine dangereusement les eaux d’écoulement et d’infiltration.
Est-il possible de miser sur une culture biologique du coton (Photo Helvetas) qui tienne compte de la gestion durable des ressources naturelles ? Helvetas répond par l’affirmative, elle qui soutient au Mali un projet où l’on privilégie le compost au lieu d’engrais. Plus malléable et mieux oxygénée, la terre peut ainsi stocker une plus grande quantité d’eau.
Mais l’organisation suisse doit pourtant reconnaître que de telles alternatives ont bien du mal à se développer : le coton bio est quasiment inexistant, tant sur les champs que sur les marchés. (bw)
Source : « Partenaires » : le dossier « Eau et agriculture », N° 177 – Août 2004, document pdf
Liens :
– Helvetas, association suisse pour le développement international
– IDE International Development Enterprises, partenaire d’Helvetas