Le Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau (WWAP) hébergé par l’UNESCO a pris l’habitude, tous les trois ans, de profiter de l’organisation du Forum mondial de l’eau, pour faire le point sur les questions qui se posent en matière de mise en valeur des ressources en eau. Son 4e rapport prévoit que l’eau douce disponible se raréfie dans de nombreuses régions du fait de sa demande croissante et de l’impact des changements climatiques. Il en résultera des disparités économiques entre certains pays et en leur sein même. Et ce sont les pauvres qui risquent d’en supporter le plus lourd fardeau.
Le rapport identifie quatre sources principales de la demande en eau : l’agriculture (qui à elle seule en utilise en moyenne les 70 %), la production d’énergie, les usages industriels et la consommation humaine. Si ses auteurs ont fait le choix de considérer la réalité de l’eau à travers le prisme du risque et de l’incertitude, c’est parce que la plupart des indicateurs, dans ces différents secteurs, affichent des tendances à la hausse en raison de la croissance de la démographie (en particulier dans les villes), de la demande alimentaire, de la consommation d’énergies dont la production a toujours besoin d’eau (pour extraire les matières premières, refroidir les usines thermiques, alimenter des turbines hydroélectriques, etc.) et des besoins industriels.
Questions sur l’avenir de l’approvisionnement en eau
Mettant le doigt sur le changement climatique planétaire, le rapport estime qu’il affectera la quantité des ressources en eau disponibles du fait de la modification de la répartition des précipitations, de l’humidité des sols, de la fonte des glaciers et du débit des rivières et des eaux souterraines. Ce changement devrait exacerber les stress actuels et futurs qui pèsent sur les ressources en eau du fait de la croissance démographique et de l’utilisation des terres, ainsi que la fréquence et la gravité des sécheresses et des inondations.
Les eaux souterraines sont cruciales pour la sécurité alimentaire : elles fournissent près de la moitié de toute l’eau potable dans le monde. Au cours des 50 dernières années, le taux de prélèvement mondial des eaux souterraines a pour le moins triplé, ce qui a contribué au développement rural et à la survie des populations humaines vivant dans des zones sèches. Mais nombre d’aquifères peuvent finir par s’épuiser si leur utilisation n’est pas bien gérée. Ici et là, il est avéré que la disponibilité des ressources en eau souterraine non renouvelable a atteint des limites critiques.
S’agissant des glaciers, leur diminution, à court terme, fait grossir les rivières et accroît localement l’approvisionnement en eau. Mais, sur le plus long terme, la quantité d’eau qu’ils fournissent diminuera également.
La disponibilité de l’eau est aussi une affaire de qualité. Une eau polluée ne peut pas être utilisée pour la boisson, la baignade, les usages industriels ou l’agriculture. Elle nuit à la santé humaine et dégrade les services des écosystèmes. On estime qu’à l’échelle mondiale, plus de 80 % des eaux usées ne sont pas collectées ou traitées. Et cela a un coût sanitaire et économique évident.
L’eau est au cœur de toutes les solutions
Même prises isolément, les crises financières, alimentaires, énergétiques et climatiques sont des problèmes graves. Mais leurs effets combinés pourraient être catastrophiques. C’est que l’eau sous‐tend tous les aspects du développement : elle est le seul vecteur commun à tous les domaines de l’activité humaine, elle seule permet de traiter conjointement les crises mondiales majeures. Promouvoir une cause plutôt qu’une autre - par exemple la sécurité alimentaire plutôt que la sécurité énergétique - ne peut mener qu’à l’échec.
Le défi repose sur la capacité de mener des stratégies qui intègrent ces interconnexions et prennent en compte, en les arbitrant, les intérêts des uns et des autres. Et comme il est peu vraisemblable que la demande croissante en eau puisse être satisfaite uniquement par des solutions centrées sur l’offre, cela signifie qu’il faut donc apprendre à mieux gérer cette demande tout en cherchant à équilibrer et à maximiser les divers bénéfices de l’eau. (Source : Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau - WWAP)
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