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12 septembre 2005.

Eau potable : le rôle protecteur des forêts

Pour la première fois, un Rapport forestier publié conjointement (...)

Pour la première fois, un Rapport forestier publié conjointement par l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) et l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) propose une large présentation du rôle de la forêt pour la population suisse. Parmi ses multiples prestations, la forêt remplit une fonction protectrice absolument essentielle pour la quantité et la qualité de l’eau potable qu’elle fournit : grâce à la forêt, près de 40 % de l’eau captée en Suisse ne doit pas être spécialement traitée.


Rapport forestier 2005 - Faits et chiffres sur l’état de la forêt suisse
Chapitre 5.1 L’eau potable, pp. 96-99


Extraits et résumé

L’eau potable en provenance de la forêt est d’excellente qualité et contient bien moins de substances nocives que l’eau issue des terres agricoles en raison des quantités inférieures de dépôts de polluants, mais aussi de l’absence quasi systématique de compactages du sol causés par l’homme, processus qui limitent l’infiltration et le pouvoir filtrant. La forêt fournit de l’eau bonne et en grandes quantités ; le sol forestier peut emmagasiner environ deux millions de litres d’eau par hectare. La Suisse profite des avantages de la forêt, ce fournisseur naturel en eau : 42 pour cent des zones d’eau souterraine sont dans des forêts fermées car nombre de communes ont construit leurs installations de captage d’eau potable dans des zones boisées.

 L’eau potable en provenance de la forêt est de grande qualité. Elle satisfait les exigences sévères de la législation sur les denrées alimentaires. Par rapport à l’eau provenant de zones de production d’eau exploitées par l’agriculture ou de zones habitées, elle contient beaucoup moins de nitrate, de chlorure, de pesticides ou d’autres substances nocives générées par la civilisation.

 Au vu des avantages naturels offerts par la forêt dans son rôle de fournisseur d’eau potable, de nombreuses communes ont construit leurs installations de captage d’eau dans des aires boisées. Une estimation de l’ OFEFP a attribué à la Suisse une surface totale d’environ 2700 kilomètres carrés pour l’ensemble des zones d’eau souterraine. 42 pour cent de cette surface se situent dans des forêts fermées.

 En Suisse, environ 400 millions de mètres cubes, soit presque 40 pour cent de la quantité totale d’eau demandée, arrivent en provenance des usines publiques de distribution d’eau chez les consommateurs sans n’avoir subi aucun traitement. Considérant que le coût moyen de préparation s’élève à 20 centimes par mètre cube, l’eau souterraine en provenance de la forêt, qui ne nécessite aucun traitement, permet d’économiser environ 80 millions de francs par an.

 La couche supérieure vivante du sol forestier dispose de nombreuses cavités et de pores qui jouent un rôle d’éponge et offrent de ce fait une très grande capacité de stockage : jusqu’à 50 litres d’eau de précipitations par mètre carré pourront ainsi être stockés dans les dix centimètres supérieurs du sol forestier. Un mètre cube de sol forestier pouvant renfermer jusqu’à 100 kilomètres de racines d’arbres, il en résulte un système d’écoulement grâce auquel les précipitations peuvent facilement s’enfoncer à de grandes profondeurs. Le sol d’une forêt de feuillus peut par conséquent emmagasiner environ deux millions de litres d’eau par hectare.

 Etant donné que des particules de poussière et des substances gazeuses nocives contenues dans l’atmosphère restent accrochées au sommet des hauts houppiers, les forêts sont beaucoup plus victimes des polluants atmosphériques que toute autre forme de végétation. Depuis 1960 environ, la plupart des forêts absorbent de l’air une quantité d’azote supérieure à celle que les arbres peuvent traiter. Nous disposons aujourd’hui de plus en plus d’indices soulignant que la limite de saturation quant à l’absorption de composés d’azote a été atteinte dans beaucoup de forêts. Se présente alors le risque que les valeurs de nitrate augmentent dans le sol forestier et par là même dans l’eau souterraine.

 En règle générale, la vie plus active du sol forestier dans les forêts de feuillus, grâce à son rôle efficace de filtre ainsi qu’à son pouvoir de rétention et de décomposition des substances nocives, a des effets positifs sur l’eau souterraine. Les forêts de feuillus ont des effets plus positifs sur l’eau souterraine que les forêts de résineux. Etant donné que les feuillus perdent leurs feuilles à l’automne, ils filtrent, à l’aide de leur houppier, des quantités d’azote de l’atmosphère bien inférieures à celles des épicéas et des sapins à feuilles persistantes.

 En conclusion : toutes les fonctions de la forêt doivent être préservées de façon durable – la production d’eau potable de grande qualité en fait partie. Jusqu’à présent, la pratique n’a pas accordé d’attention suffisante à cette considération. Elle doit de ce fait en tenir compte de manière plus conséquente dans les plans de développement forestier régionaux. Les forêts dotées de zones de protection de l’eau potable nécessitent une gestion adaptée, par exemple une coupe des bois plus circonspecte et la promotion des feuillus.


Rapport forestier : information complète sur le site de l’OFEFP



Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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