« L’eau est le miroir du monde où nous vivons » titre l’article principal de ‘Bon à savoir’. Entendez par là que ce que nous rejetons indûment dans l’environnement risque un jour ou l’autre de se retrouver à nos robinets et dans nos bouteilles. Même si, en Suisse, l’eau potable est très certainement la denrée alimentaire la mieux surveillée, même si les distributeurs suisses ont sans doute raison de vanter une qualité d’eau tout à fait respectueuse des normes légales de ce pays, il n’empêche que les traces de germes, de métaux lourds et de micropolluants que l’on peut trouver ici ou là sont de vrais sujets de préoccupation pour les consommateurs comme pour les scientifiques et les techniciens.
Pour l’enquête, de l’eau potable a été prélevée dans quatorze ménages (deux par canton romand). Six eaux minérales non gazeuses parmi les plus vendues dans les grandes surfaces ont été également soumises aux tests. Les prélèvements d’eau de robinet différaient cependant de la méthode légale pratiquée en Suisse qui prescrit de laisser préalablement couler l’eau durant cinq minutes. Les enquêteurs ont décidé de se mettre dans la situation réelle des consommateurs et de recueillir de l’eau au robinet de cuisine aux premières heures de la matinée après une nuit sans aucun écoulement.
« Tous les échantillons analysés obéissaient aux normes légales, lit-on dans le magazine ‘Bon à savoir’. Les experts n’ont ainsi pas trouvé de traces de plomb, ni de bactéries pathogènes susceptibles de rendre malade. Mais la présence de nombreux résidus chimiques dans l’eau potable nous a laissés perplexes. Une eau minérale en contenait également. »
Ici ou là, les analyses ont révélé la présence de nickel et de germes aérobies mésophiles, des traces de coliformes totaux, de streptocoques fécaux, de pesticides parmi lesquels de l’atrazine, de benzotriazole, de pilules contraceptives, ou encore de nonylphénol (dans l’une des bouteilles d’eau minérale).
Responsabilités partagées
Après avoir souligné que les normes légales suisses n’ont été outrepassées dans aucun de ces échantillons et que les services de distribution ne cessent d’investir dans l’amélioration des technologies de traitement et d’épuration des eaux, l’émission ‘On en parle’ a donné l’occasion de rappeler aussi que la responsabilité de ces distributeurs s’arrête aux compteurs, c’est-à-dire là où commence la responsabilité des propriétaires des immeubles où cette eau est ensuite consommée (quel est l’état réel des conduites intérieures ?), celle aussi des consommateurs qui se doivent notamment de veiller à l’hygiène des robinets (nettoyage des brise-jets, par exemple).
Quant au forum qui a suivi la présentation des résultats de l’enquête, il a démontré que le grand public était très attentif à ce genre de problèmes. De nombreuses questions ont été posées qui montrent un grand besoin d’information en la matière. Les lois ne devraient-elles pas être plus contraignantes ? Quels risques représentent réellement les traces de micropolluants ? Faut-il laisser couler l’eau du robinet avant de la boire ? Les adoucisseurs et filtres en tous genres sont-ils d’une quelconque utilité ? Bref, de réelles manifestations d’inquiétudes dont personne n’osera dire qu’elles ne sont pas légitimes, puisqu’il y va de la santé de tout un chacun et de celle des générations futures. (bw)