Soit pour s’enquérir du bon état de santé d’un nouveau-né ou de celui, inquiétant, d’un malade. Soit pour dire qu’on doit se méfier d’un félon comparé à une eau trouble, ou encore pour se lamenter d’avoir perdu un être cher, que dis-je un soutien.
Tel qu’on le dit sous certains cieux avec des fleurs, au Bénin, on dit bien des choses avec de l’eau. Voici en exemple, une dizaine d’expressions, des tentatives de traduction littérale en français, et les messages délivrés.
daa sin dié
Papa, voici de l’eau
Papa, sois le bienvenu
yèyè do sin nu we a ?
Le nouveau-né boit-il de l’eau ?
Le nouveau-né se porte-t-il bien ?
yèyè do sin nu we ganji
Le nouveau-né boit bien
Le nouveau-né se porte assez bien
azuzonnu so do sin nu we a
Le malade ne boit plus d’eau
L’état de santé du malade s’est aggravé.
azuzonnu gbè sin éhunmè
Le malade a renoncé à l’eau aujourd’hui
Le malade est décédé aujourd’hui
e blu hu to sisa
Il est plus trouble que les eaux de ruissellement
Il n’est pas digne de confiance
sin je nu ce éhunmè a
Je n’ai pas encore bu de l’eau ce matin
J’ai encore rien mangé
gbe fen sinuka do nu ce
Le destin a brisé mon verre à boire
J’ai perdu mon protecteur
fofo non nu sin tawun
Le grand frère boit beaucoup (d’eau)
Il a un faible pour l’alcool
e no kian sin fifa do sin zozo me
Il essaye de séparer l’eau tiède en eau chaude et eau froide
Il est tatillon.
ma lè sin kujikuji nu mi o
Ne m’éclabousse pas (d’eau sale)
Ne me calomnie pas
Berceuse
(Invite à la pluie lorsqu’elle tarde à tomber)
ji jaa ma lè wu,
seyi doo ma nya avo
Ô pluie, tombe, que je me lave !
tombe encore plus, que je lave le linge !
Bernard Capo-Chichi
P.S. Je sollicite l’indulgence des littéraires, des linguistes et des alphabétiseurs en langue fongbe.