Le rapport du WWF (titre anglais : Making water : Desalination – option or distraction for a thirsty world ?) confirme si besoin était que dans les régions du monde les plus arides on fait de plus en plus aujourd’hui le choix de dessaler l’eau de mer pour répondre aux besoins en eau douce. Cette tendance est très visible dans des zones très peuplées comme l’Australie, le Proche-Orient, le Royaume-Uni et les États-Unis. L’Inde et la Chine misent également sur cette option.
Mais voilà : dessaler l’eau de mer est un procédé qui coûte cher, consomme beaucoup d’énergie et rejette dans l’atmosphère des tonnes de gaz à effets de serre. C’est en tout cas le constat que porte Jamie Pittock, directeur du Programme eau douce du WWF. “On peut, dit-il, concevoir que l’on ait besoin à l’avenir de recourir à ce type de ressources, mais aujourd’hui les pays concernés ont encore des moyens meilleur marché, rentables et complémentaires de subvenir à leurs besoins avec beaucoup moins de risques pour l’environnement.” Le WWF estime à une dizaine de milliers le nombre actuel d’usines de dessalement de par le monde. Un chiffre – on l’aura compris - qui pourrait croître de manière assez spectaculaire dans les années à venir. La moitié de ces usines sont concentrées pour le moment dans la région du Golfe et couvrent environ 60% des besoins en eau douce des pays producteurs de pétrole. Un tiers de l’eau de la ville de Perth, sur la côte ouest de l’Australie, provient de procédés de désalinisation et l’Espagne y a largement recours à la fois pour soutenir son agriculture et pour satisfaire à la demande touristique.
Des coûts financiers et écologiques
Le recours à ces nouvelles technologies, par ailleurs de plus en plus accessibles, ne va pas sans conséquences pour l’environnement. Et pour le WWF, il est clair qu’on ne peut faire l’économie d’une évaluation rigoureuse et approfondie de leurs différents impacts avant de les développer à grande échelle. Il faut prévenir non seulement tout dégât écologique irréversible, mais aussi les coûts financiers de ces installations dont la facture finale, à long terme, retombe sur le porte-monnaie des citoyens.
Des activités intensives de dessalement peuvent provoquer le développement de saumures et entraîner la destruction de précieuses régions côtières, et ainsi contaminer la vie marine, les cours d’eau, les zones humides, les eaux souterraines et plus généralement les écosystèmes qui assurent l’épuration de l’eau et la protègent contre les catastrophes.
Jamie Pittock craint visiblement que les grandes usines de dessalement deviennent assez rapidement « les nouveaux barrages de demain ». Comme pour les grands aménagements construits dans les années 50, il sera trop tard pour réagir lorsqu’on connaîtra leurs effets négatifs. Ce dont on a besoin aujourd’hui, selon le WWF, c’est d’abord d’une « nouvelle attitude face à l’eau et non pas d’une expansion sans contrôle de son ingénierie ».
Autrement dit, il faut davantage compter sur la conservation de l’eau et sur son recyclage plutôt que sur des technologies dont on connaît déjà la capacité de nuisance profonde et durable à l’environnement. Ce n’est que dans certaines circonstances particulières et pour répondre à de vrais besoins que l’on devrait autoriser la construction de telles usines de dessalement, et les concevoir d’une manière la moins dommageable possible pour la planète. (bw)
(Source : Service d’information du WWF
voir le site en anglais www.panda.org)