La SonntagsZeitung, le plus important des journaux suisses alémaniques du dimanche, a révélé (*) que des chercheurs de l’Institut fédéral des Sciences et technologies de l’eau (Eawag) avaient découvert des traces de chlorothalonil dans une bouteille d’eau minérale de la marque française Evian. La quantité de résidus trouvés (6 nanogrammes par litre) est certes bien inférieure à la limite légale (0,1 microgramme par litre) et n’est pas nuisible à la santé, mais la présence, dans une eau de boisson embouteillée, de ce pesticide interdit depuis peu en Suisse et dans l’Union européenne a néanmoins valeur de signal d’alarme.
Juliane Hollender, l’une des co-auteurs de cette étude (**) citée par le journal zurichois, explique que "jusqu’à présent, les chercheurs supposaient que les résidus de chlorothalonil ne se trouvaient que dans les zones d’agriculture intensive", mais que maintenant et pour la première fois, "des mesures ont également été effectuées dans des endroits où il n’y a pratiquement pas d’agriculture ou seulement des pâturages". Pour le moment, l’origine de ces traces de pesticides n’est pas clairement établie mais cette découverte semble renforcer les soupçons selon lesquels les résidus de chlorothalonil seraient plus répandus qu’on ne le croit. Sans parler des effets inconnus de leur dégradation à plus ou moins long terme.
Si cette information a de quoi surprendre les experts, c’est non seulement parce que l’eau d’Evian est utilisée comme une eau de référence pour le calibrage des instruments de mesure dans les laboratoires, mais aussi parce que l’entreprise Evian, qui appartient au groupe agroalimentaire français Danone, collabore depuis une vingtaine d’années avec des agriculteurs locaux et plusieurs communes de Haute-Savoie afin de prévenir tout risque de pollution sur le territoire qui renferme les sources d’eau minérale naturelle. (bw)
* Mischa Aebi, Evian verliert seine Unschuld,
SonntagsZeitung, 12 Juli 2020. Voir >
** Karin Kiefer & al., Chlorothalonil transformation products in drinking water resources : Widespread and challenging to abate, in Water Research, 183 (2020). Voir >