De nombreuses études menées dans le domaine hospitalier et vétérinaire ont révélé, au fil des ans, que la résistance aux antibiotiques ne cessait de croître. Des chercheurs de l’Eawag ont tenté de savoir si cette résistance pouvait gagner le milieu naturel, en l’occurrence le Léman, par le biais des stations d’épuration.
Il faut en effet savoir d’une part qu’une fois traitées, les eaux usées de l’agglomération lausannoise sont rejetées dans le lac à 700 m des rives et à 30 mètres de profondeur. Et que d’autre part Lausanne ne possède ni industrie pharmaceutique ni élevage industriel mais, en plus de plusieurs petits centres de soins de santé, un grand complexe hospitalier également raccordé à la station d’épuration.
Helmut Bürgmann, microbiologiste, explique qu’il n’y a rien d’exceptionnel à ce que des bactéries intègrent une capacité de résistance, et qu’en soi ce phénomène ne représente pas une menace. Ce qui est nouveau, dans cette étude, "c’est que la fréquence des cas de multirésistance dans le lac - et dans le sédiment - augmente à proximité du point de rejet des effluents d’épuration". Ce qui accroît, à plus ou moins long terme, le risque de transmission de gènes de résistance à des bactéries pathogènes.
D’après Nadine Czekalski, qui a réalisé la majeure partie des études dans le cadre de son travail de doctorat, la situation n’est pas alarmante. Un important captage d’eau potable qui se trouve à 3 km du point de rejet des effluents d’épuration a été étudié. Alors, que des signes de multirésistance ont été observés dans les sédiments de la zone de captage, les eaux environnantes en restaient exemptes. D’autre part, les eaux du lac subissent un traitement avant d’être distribuées dans le réseau d’eau potable.
Près de 15% des eaux usées suisses sont déversées dans un lac après leur épuration et le cas de Lausanne n’est donc pas unique. Mais les deux chercheurs considèrent tous deux que, en vertu du principe de précaution, il conviendrait d’intervenir au niveau des rejets, soit par le biais de traitements complémentaires dans les stations d’épuration (ce qui est d’ores et déjà prévu), soit par un traitement séparé des effluents hospitaliers. (Source : Eawag)
– Le site de l’Institut suisse de recherche sur l’eau, Eawag