20 millions d’hectares au moins de par le monde seraient cultivés avec des eaux usées, principalement pour produire des légumes et du riz. A Accra, par exemple, capitale du Ghana qui compte près de deux millions d’habitants, quelque 200’000 personnes achètent chaque jour des légumes produits sur seulement 100 hectares de terres agricoles urbaines irriguées avec des eaux usées.
Quelques explications à cela : la demande alimentaire de plus en plus forte dans ces villes postule une production agricole de proximité ; l’eau nécessaire à l’irrigation de ces terres agricoles urbaines est de plus en plus polluée en raison de l’augmentation de la population et la multiplication d’activités peu respectueuses de l’environnement ; ou encore les difficultés croissantes d’approvisionnements en eau de qualité suffisante et à des coûts abordables.
La question est complexe car, comme l’expliquent les experts de l’Institut international de gestion de l’eau, si de telles pratiques peuvent présenter des risques pour la santé des agriculteurs et des consommateurs, leur interdiction ou l’application de normes plus strictes sur la qualité de l’eau « pourraient être préjudiciables (en termes de revenus et donc aussi de sécurité alimentaire) aux consommateurs et agriculteurs urbains et à d’autres groupes qui sont tributaires de l’agriculture urbaine ». Dans un contexte de pénurie de l’eau et de crise alimentaire, la multiplication de telles situations paraît quasiment inévitable. Mais, dit-on, il existe des solutions bon marché permettant de réduire le risque sanitaire là où font défaut les moyens de traiter les eaux usées, en lavant soigneusement les produits frais ou en recourant à des méthodes d’irrigation parcimonieuses en eau. Dans certains pays, les agriculteurs accumulent les eaux usées dans des étangs, ce qui diminue la quantité de bactéries. (Sources : rapports et communiqués officiels et agences)
“Drivers and characteristics of wastewater agriculture in developing countries – results from a global assessment“ : Rapport en anglais disponible sur le site de l’IWMI
(*) L’Institut international de gestion des ressources en eau (IWMI), basé au Sri Lanka, est une organisation de recherche scientifique qui concentre ses activités sur l’utilisation durable des ressources en eau et en terre dans l’agriculture, au profit des pauvres des pays en développement. Il travaille en partenariat avec des pays en développement, des instituts internationaux et nationaux de recherche, des universités et d’autres organisations spécialisées. Voir www.iwmi.org