En fait, lit-on dans ce nouveau document (*) publié par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture à l’ouverture de la traditionnelle Semaine mondiale de l’eau de Stockholm, cette pratique a déjà cours dans une cinquantaine de pays - notamment en Espagne et au Mexique - sur une superficie correspondant à 10 % des terres irriguées de la planète. Cette thématique n’est pas vraiment nouvelle puisqu’en 1994 déjà le Programme des Nations unies pour le développement et la Banque mondiale avaient édité un guide en la matière.
L’utilisation de l’eau recyclée dans l’agriculture, explique la FAO, apporte une réponse, parmi d’autres, aux problèmes de pénurie d’eau. C’est une option de plus en plus envisagée là où la croissance démographique, la récurrence des sécheresses ou les changements climatiques entraînent une augmentation de la demande en eau d’irrigation pour la production agricole, étant entendu que des eaux non traitées ne peuvent être en aucun cas utilisées pour l’irrigation, en raison de leur contamination chimique et biologique par les rejets des animaux et des hommes.
La pollution provoquée par les grands volumes d’eaux usées, peu ou mal traitées, en provenance des villes en constante expansion et qui contaminent les eaux de surface, voire les nappes souterraines, est aussi une cause de stress hydrique. À quoi s’ajoute le fait que parfois, en période de grave pénurie, l’eau des agriculteurs est détournée vers les villes pour motif qu’elle aurait une valeur économique plus élevée quand elle est destinée à des usages urbains et industriels plutôt qu’à la production vivrière. Utiliser des eaux usées dans l’agriculture, selon la FAO, aurait donc pour premier avantage d’atténuer cette concurrence, puisque de cette façon elle permettrait d’augmenter la disponibilité d’eau douce pour répondre aux besoins des villes.
"Les avantages contrebalancent les coûts"
"Si la réutilisation des eaux usées pour l’agriculture n’est pas le seul moyen d’affronter les problèmes de pénurie et de pollution, c’est dans de nombreux cas une solution extrêmement rentable, comme en témoigne le nombre croissant de programmes de réutilisation présentés dans ce rapport", explique Pasquale Seduto, directeur adjoint de la Division des terres et des eaux de la FAO.
Cela dit, installer des systèmes performants de traitement et de recyclage d’eaux usées entraîne des investissements de départ et des coûts d’exploitation assez conséquents. La FAO préconise en tout cas de procéder préalablement à une évaluation économique qui prenne en compte l’ensemble du bassin versant ainsi que les besoins et les avantages que pourront en tirer les différents utilisateurs. Car les usages agricoles ne suffiront pas, à eux seuls, à justifier ce genre de dépenses.
Sous l’angle des avantages potentiels, on notera que de tels aménagements permettent en principe aux agriculteurs de faire quelques économies, et cela de plusieurs manières : en réduisant les frais de pompage des eaux souterraines et les achats de fertilisants du fait de la présence de nutriments dans les eaux usées et, peut-être un jour, en récupérant comme source d’énergie le biogaz issu de l’épuration. (Source : information FAO)
(*) Le rapport "The Wealth of Waste : The Economics of Wastewater Use in Agriculture" (en anglais) peut être téléchargé sur le site de la FAO