Aujourd’hui, les quelque 27 kilomètres de Rhône genevois n’ont plus grand-chose à voir avec le fleuve de jadis. Après la mise en service en 1888 de l’usine des forces-motrices de la Coulouvrenière, au centre ville, Genève s’est en effet doté de plusieurs centrales au fil de l’eau : à Chèvres en 1896, à Chancy-Pougny en 1925, à Verbois en 1944, et l’écluse du Seujet en 2000.
Ces différents barrages ont de multiples effets sur le lit du fleuve comme sur ses berges, entre autres de volumineuses alluvions nécessitant des vidanges régulières et de fortes érosions dues aux variations de débits, sans parler de la disparition de méandres producteurs de diversité biologique. Conséquences négatives aussi sur la flore et la faune confrontées aux nouveaux régimes d’écoulement de l’eau, trop rapide ou trop lente, menaçant à la fois leur habitat et leurs ressources alimentaires.
Une question d’équilibre
Au tournant des années 90, ce sont le projet de barrage au Seujet et le renouvellement des concessions des usines de Verbois et Chancy-Pougny qui fourniront aux Services Industriels de Genève (SIG) l’occasion de réfléchir davantage à leurs responsabilités en matière de développement durable : comment trouver le bon équilibre entre les intérêts économiques de la production d’électricité et les impératifs de la protection des milieux naturels.
Comme l’explique Philippe Verburgh, Directeur Énergies aux SIG, « il ne suffit pas d’exploiter le fleuve à travers la production d’énergie hydroélectrique, il faut encore le préserver de manière à éviter de se retrouver dans quelques années avec un fleuve complètement détruit ». D’où la décision de mettre en route, en collaboration avec les différents partenaires publics ou associatifs, un programme d’actions environnementales pour la préservation et la revitalisation du Rhône.
Trois objectifs précis
Ce programme se décline en trois grands objectifs répartis sur une bonne dizaine de sites :
1. Préserver, diversifier et créer des milieux naturels propices à la biodiversité du Rhône : réaménagement des rives, création de plans d’eau, dragage des sédiments, création de roselières et de saulaies, préservation d’herbiers aquatiques, etc.
2. Soutenir les espèces menacées de disparition : aménagement de gouilles et de mares à batraciens, de frayères et de ruisseaux de grossissement pour les truites, d’habitats propices aux reptiles, etc.
3. Rétablir et assurer la libre migration des espèces le long du fleuve de manière à préserver son rôle de corridor biologique : passes à poissons, rampes à castors, espaces de repos pour les oiseaux migrateurs, etc.
On reconnaît volontiers, du côté de la direction des SIG, que l’on s’est au départ montré assez sceptique et peu enthousiaste à l’idée d’entreprendre ce genre d’actions pourtant exigées par les nouvelles lois fédérales en matière de protection de l’environnement. Mais aujourd’hui, on s’en dit au contraire plutôt fier : « la motivation a grandi avec le bébé ». (bw)
Photos aqueduc.info