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23 août 2017.

Au Pakistan, le fléau de l’arsenic dans les eaux est plus grave qu’on ne l’imaginait

Une étude menée au Pakistan sous la direction de l’Institut (...)

Une étude menée au Pakistan sous la direction de l’Institut suisse de recherche sur l’eau (Eawag) [1] est arrivée à la conclusion que quelque 50 à 60 millions de personnes sont aujourd’hui concernées par les risques de contamination par l’arsenic présent naturellement dans les nappes phréatiques qui servent à l’alimentation en eau potable et à l’irrigation. De plus en plus d’indices font également supposer que la généralisation des pratiques d’irrigation fait monter les concentrations d’arsenic dans les sols.

L’arsenic naturellement présent dans le sous-sol peut se dissoudre dans les eaux souterraines, selon des processus qui peuvent varier selon les conditions géologiques et hydrologiques. C’est le cas par exemple dans les deltas du Gange, au Bangladesh, et du Fleuve Rouge, au Vietnam. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 150 millions de personnes dans le monde seraient tributaires d’eaux dont la teneur en arsenic dépasse le seuil de tolérance de 10 microgrammes par litre.

Au Pakistan, dans les plaines très peuplées de l’Indus et de ses affluents, en particulier dans le sud du pays, les chercheurs ont relevé des concentrations en arsenic dépassant les 200 μg/l, voire bien plus encore. L’étude menée par l’Eawag [2] met en évidence une très forte corrélation entre la charge en arsenic et le pH élevé des sols : lorsque les eaux d’irrigation s’infiltrent dans ces sols alcalins et les jeunes sédiments fluviaux, ce métalloïde toxique peut être libéré et contaminer en permanence les nappes phréatiques.

La contamination des eaux souterraines par de l’arsenic naturel est connue depuis longtemps. Mais jusqu’à présent, faute de moyens suffisants pour réaliser des campagnes systématiques dans tout le pays, les chercheurs devaient se contenter de prélever ponctuellement des échantillons dans quelques villages. Pour la première fois, l’étude de l’Eawag montre que ce "fléau invisible" est d’une ampleur "phénoménale" et qu’il importe de prendre des contre-mesures sans plus attendre.

S’il se confirme - entre autres - qu’il existe un lien entre l’irrigation intensive, les taux de pH élevés dans les sols et les concentrations accrues en arsenic dans les eaux souterraines, c’est la technique d’irrigation qu’il faudrait aussi repenser pour empêcher autant que possible l’évaporation et les infiltrations d’eaux agricoles. (Source : Eawag)




Notes

[2Joel Podgorski et al. : "Extensive arsenic contamination in high-pH unconfined aquifers in the Indus Valley". Science Advances, 23 Aug 2017, vol. 3, no. 8. Voir >

Infos complémentaires

L’arsenic naturel

À l’échelle de la planète, l’arsenic est l’un des principaux contaminants inorganiques de l’eau potable. Ce métalloïde est naturellement présent dans les sédiments du sous-sol et se dissout en faibles quantités dans l’eau souterraine sous l’effet des intempéries. Les sels d’arsenic n’affectent ni l’odeur ni le goût de l’eau, mais sont extrêmement toxiques pour l’homme. Même à faibles doses, leur ingestion prolongée peut avoir de graves conséquences sur la santé, provoquant notamment des anomalies de pigmentation de la peau, des troubles hépatiques, rénaux et cardiovasculaires et différentes formes de cancer. (Source : Eawag)

Mots-clés

Glossaire

  • Interconnexion

    Pour assurer la continuité de l’approvisionnement de la population en eau potable de la meilleure qualité possible et en quantité suffisante, un distributeur doit disposer d’une ou plusieurs interconnexions de secours avec un ou plusieurs réseaux de distributeurs voisins. C’est l’une des solutions qui permet de garantir en permanence la sécurité d’une exploitation en cas d’accident ou en période de crise.

Mot d’eau

  • Jamais la même eau

    « Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde. » (Kamo no Chōmei, poète japonais, 1155-1216, "Hōjōki")


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