Chaque année, l’Arve, cette rivière alpine native du massif du Mont-Blanc, achemine vers le Rhône genevois quelque 350’000 mètres cubes de sédiments qui finissent par se déposer en amont du barrage hydroélectrique de Verbois, à mi-chemin entre le Léman et la frontière franco-suisse.
Depuis la mise en service de cette retenue en 1942 et jusqu’en 2003, ce sont les hydroélectriciens – à savoir les Services industriels de Genève (SIG) côté suisse et la Compagnie nationale du Rhône (CNR) côté français – qui avaient la responsabilité de coordonner régulièrement, c’est-à-dire tous les trois ans, les opérations de vidange destinées à évacuer une partie des sédiments accumulées en amont des barrages et de profiter de ces brefs épisodes pour effectuer certains travaux d’entretien de ces ouvrages.
Plus ces chasses-vidanges se multipliaient, plus il apparaissait qu’elles entraînaient de graves dommages sur les écosystèmes du fleuve. En 2003, Genève décida d’un moratoire pour se donner le temps d’étudier d’éventuelles solutions alternatives, mais comme le comblement de la retenue de Verbois prenait de l’ampleur (quelque 3,4 millions de m3 de sédiments en 9 ans), une 21e vidange fut menée en 2012, non sans problèmes supplémentaires en raison notamment d’une crue imprévisible de l’Arve.
Cette opération terminée, les autorités riveraines de Genève et du Haut-Rhône français ont alors mandaté un groupe de travail technique franco-suisse pour élaborer d’autres méthodes possibles de gestion des sédiments du fleuve, en concertation avec les représentants des collectivités publiques, les entreprises en charge de l’exploitation des barrages et les associations de protection de l’environnement.
S’inspirant du rapport de synthèse qui lui a été remis en automne 2014, le comité de pilotage du projet, emmené conjointement par la Préfecture de l’Ain et le Département cantonal genevois de l’environnement, a finalement opté pour un scénario combinant un abaissement partiel du niveau de l’eau des barrages de Verbois et de Chancy-Pougny, l’extraction localisée des dépôts résiduels et un accompagnement des crues de l’Arve de manière à favoriser le transit des sédiments.
Une première concrétisation de ce nouveau mode de gestion est d’ores et déjà prévue pour le printemps 2016. Ces opérations – qui doivent encore d’ici là recevoir de part et d’autre de la frontière les autorisations dûment requises - s’inscriront dans le cadre d’une stratégie globale de gestion à moyen terme, soit une dizaine d’années. (bw)
– Le rapport de synthèse du Comité technique franco-suisse (20 octobre 2014) sur la nouvelle gestion sédimentaire du Rhône genevois et du Haut-Rhône français est disponible sur lesite officiel du Canton de Genève
– Voir l’article et les photos aqueduc.info de juin 2012 sur la dernière vidange chasse au barrage de Verbois