Commentaire du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon : “Nous constatons aujourd’hui qu’un grand progrès a été réalisé pour la population mondiale. C’est l’une des premières cibles des OMD à être atteinte. L’action menée avec succès pour généraliser l’accès à l’eau potable donne raison à tous ceux qui considèrent les OMD non comme un rêve mais comme un outil vital visant à améliorer les conditions de vie de millions de personnes parmi les plus pauvres.”
L’une des cibles des Objectifs du Millénaire pour le développement vise à réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services d’assainissement de base. La cible a été atteinte bien avant l’échéance de 2015, annonce un rapport commun de l’UNICEF et de l’OMS sur les "Progrès en matière d’eau potable et d’assainissement 2012" : entre 1990 et 2010, le nombre de personnes ayant accès à des sources améliorées d’eau potable, grâce notamment à des canalisations ou des puits protégés, a augmenté de plus de deux milliards.
C’est une bonne nouvelle, dit-on à l’UNICEF, mais on ne criera pas victoire pour autant, car une personne sur dix de par le monde ne bénéficie toujours pas de ce droit élémentaire et que chaque jour plus de 3’000 enfants meurent de maladies diarrhéiques. Reste que les progrès annoncés montrent qu’il est possible d’atteindre de tels objectifs “avec la volonté, les efforts et les fonds nécessaires”.
On prendra donc ces chiffres avec précaution, d’abord parce qu’ils découlent d’estimations et non de relevés détaillés, et que la plupart du temps les pays directement concernés par ces problématiques ne disposent pas d’outils statistiques suffisamment performants pour se faire une idée précise de la situation.
Ensuite, et surtout, ce rapport laisse en suspens un certain nombre de problèmes et de défis importants :
– le retard persiste en matière d’assainissement et avec seulement 63% d’accès à des services d’assainissement améliorés on reste très loin de l’objectif de 75 % visé pour 2015 (ce qui a de graves conséquences pour la qualité de l’eau)
– il est quasi impossible d’évaluer la qualité de l’eau à l’échelle mondiale et de gros efforts restent à faire pour garantir la salubrité des sources d’eau
– les chiffres exprimés en moyennes mondiales masquent d’importantes disparités entre les continents, entre les pays et entre les régions à l’intérieur d’un même pays : plus de 40% des habitants de la planète n’ayant pas accès à l’eau potable vivent en Afrique subsaharienne
– c’est aux femmes et aux filles qu’incombe le plus souvent et de manière disproportionnée la corvée du transport de l’eau
– les populations les plus pauvres, particulièrement en zones rurales ou périurbaines, sont les plus concernées par les problèmes d’accès à l’eau potable alors que les plus riches, au cœur des grandes agglomérations, ont bénéficié de progrès notables dans ce domaine.
À quoi il faut ajouter le fait que les statistiques exprimées en pourcentage ne rendent pas compte fidèlement de la situation réelle, puisque la population mondiale continue pendant ce temps de croître chaque année de quelque 75 à 80 millions de personnes qui n’ont pas toutes accès à une eau potable.
(Source : UNICEF/OMS)
– Le rapport "Progress on drinking water and sanitation" est disponible sur le site de l’OMS
(en anglais uniquement)