Cette phase d’information publique, menée de mai à septembre 2008, a enregistré un certain succès puisque les services compétents ont reçu pas moins de quelque 630 avis, dont 572 en Valais. Pour mémoire, ce « chantier du siècle » doit prioritairement prévenir toute nouvelle crue du Rhône et garantir la sécurité des personnes et des biens de l’ensemble des territoires riverains de ses 160 kilomètres de longueur. Ses travaux dureront une trentaine d’années et leur coût devrait approcher les deux milliards de francs suisses, dont les trois quarts seront à la charge du budget fédéral.
De par son ampleur et ses choix politiques et techniques, un tel projet suscite bien évidemment une foule de questions et de prises de positions aussi vives que contradictoires. Sur la base des analyses de cette consultation publique, les deux gouvernements cantonaux ont d’abord pensé qu’il leur serait possible de réduire l’emprise globale mais, notent-ils, “une discussion avec la Confédération a montré que ce n’était pas possible. Par contre, une certaine flexibilité à l’intérieur de cette emprise a été obtenue.”
Il faut savoir que le projet prévoit une combinaison d’élargissements correspondant en moyenne à plus d’une fois et demie la largeur actuelle du fleuve avec des abaissements du fond et des élargissements ponctuels plus importants. Selon certaines estimations, les aménagements prévus induiraient des pertes de 376 hectares de terres agricoles, sans parler des surfaces non affectées. Cet impact sur les zones agricoles pourrait toutefois être réduit grâce à une amélioration du potentiel de production là où les élargissements du fleuve seront les plus conséquents.
En février dernier, un rapport d’experts avait conclu par la négative à une demande d’abaissement systématique du fond du fleuve en remplacement des élargissements prévus dans le projet. Une telle option, disent-ils, aurait un impact trop important sur la nappe phréatique. Elle provoquerait un assèchement des terrains agricoles, des tassements sur les bâtiments et une diminution des réserves d’eau.
Les réponses des autorités valaisannes et vaudoises aux remarques formulées dans la consultation devront tenir compte de ces différents choix politiques et seront très prochainement communiquées aux communes, aux associations et aux particuliers concernés.
Le WWF mécontent
Le WWF critique vertement la position des deux gouvernements cantonaux. Selon l’organisation écologiste, le projet de correction ne représenterait pas une menace pour l’agriculture, et les bases légales ne seraient plus respectées si des surfaces agricoles étaient sauvegardées au détriment des biotopes et de l’espace naturel. Par contre, ajoute-t-elle, la vraie menace pour l’agriculture viendrait de l’urbanisation de la plaine du Rhône et tous les 20 mois les agriculteurs accepteraient de vendre à des promoteurs immobiliers une surface équivalente à celle prévue pour l’ensemble du projet ». (Sources : Canton du Valais, WWF)
– Site officiel du projet de 3e correction du Rhône (État du Valais)