Près de 40% de la population mondiale vit dans des bassins versants ou sur des aquifères partagés par deux pays ou plus. Le registre international des bassins ne compte pas moins de 263 bassins transfrontaliers, cours d’eau ou lacs. Et 145 pays nations ont au moins une partie de leur territoire située sur un bassin transfrontalier. Le plus bel exemple en la matière est le bassin du Danube partagé par 18 pays riverains. À cela s’ajoutent les grands réservoirs naturels souterrains : 270 aquifères transfrontaliers ont été recensés jusqu’à présent.
Vu que chaque pays – quels que soient son niveau de développement, ses intérêts économiques et ses options politiques – s’efforce de satisfaire ses besoins en eau avec ses propres ressources, parfois limitées, d’aucuns prévoient à l’avenir l’émergence de nouveaux et nombreux conflits. Mais, rappellent les historiens, la réponse la plus fréquente aux problèmes de gestion d’eaux transfrontalières est la coopération, et non la guerre. Au cours des 60 dernières années, plus de 300 accords internationaux relatifs à l’eau ont été signés et seuls 37 cas de violences entre États autour de cette ressource ont été rapportés.
Encore faut-il que ces accords soient appliqués, améliorés et multipliés. On notera entre autres que la ‘Convention des Nations Unies sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation’ a certes marqué des progrès dans ce domaine particulier de la gestion des ressources partagées. Elle a été signée en 1997 après quasiment trois décennies de négociations. Mais 16 États seulement l’ont à ce jour ratifiée alors qu’il en faudrait au moins 35 pour qu’elle entre en vigueur. Ce qui, vraisemblablement, ne sera jamais le cas. (bw)