Pour l’association apolitique "Une eau propre pour tous" à l’origine de cette nouvelle initiative populaire fédérale munie de 114’420 signatures récoltées en moins de 10 mois, il est irresponsable de continuer à subventionner des pratiques agricoles qui contaminent gravement les eaux de surface et les eaux souterraines et qui mettent en danger la santé des vivants. L’utilisation intensive de pesticides et d’antibiotiques pollue également les sols, détruit la biodiversité et favorise le développement de bactéries résistantes aux antibiotiques.
Cette initiative populaire exige donc qu’après une période transitoire de 8 ans seules les exploitations agricoles respectant les normes écologiques, n’utilisant ni pesticide ni antibiotique préventif, et élevant un bétail nourri exclusivement avec du fourrage produit sur l’exploitation, recevront des subventions fédérales.
Dans leur argumentaire, les initiants notent que depuis une vingtaine d’années, la Suisse n’a cessé d’investir des milliards de francs pour garantir des productions agricoles respectueuses des normes écologiques et du bien-être des animaux. Avec des résultats bien en deçà des exigences légales, puisque près des trois quarts des stations de surveillance des eaux souterraines, dans les zones agricoles intensivement cultivées du Plateau suisse, présentent des concentrations de résidus de pesticides supérieures aux valeurs admissibles. Autrement dit, l’agriculture ne serait pas aujourd’hui en mesure d’atteindre les objectifs environnementaux qui lui ont été fixés.
Les initiants déplorent qu’au lieu de résoudre ces problèmes le gouvernement fédéral a l’intention d’augmenter les valeurs limites au lieu de se conformer aux lois existantes. Il souhaite par exemple, à propos du glyphosate (un pesticide fréquemment utilisé qui fait actuellement l’objet de controverses internationales), d’augmenter sa charge maximale admissible dans les eaux de surface, passant de 0,1 à 360 microgrammes par litre. Une attitude qui, selon l’association "Une eau propre pour tous", ressemble fort à une violation systématique du droit de l’environnement.
Le dossier des initiants pointe également du doigt les excès de lisier et de purin que les zones agricoles ne peuvent pas absorber et qui pénètrent les sols jusqu’aux nappes phréatiques, ou encore les fortes émissions d’ammoniac résultant des importations massives de fourrage à des fins d’élevage intensif. (bw)